"Il y aura ceux qui auront appris à programmer et ceux qui seront programmés" Mark ZuckerbergProgrammer ou être programmé, c'est ce qui attend les citoyens vivant dans une vie en société régie par des algorithmes : réseaux sociaux, information, banque, assurance...
Un éveil à la citoyenneté d'aujourd'hui
Fleur
Pellerin a déclaré en Novembre dernier dans une interview au Monde
:
«Les jeunes aujourd'hui sont trop souvent des consommateurs passifs des outils numériques. Apprendre à coder ou à développer peut leur permettre de comprendre comment est construit l'univers digital dans lequel ils évoluent, et de développer une distance critique.»
Fondement
essentiel de la construction d'un citoyen, une des enjeux de l'école
pour faire vivre l'égalité.
«Or
si on ne transmet pas la culture informatique nécessaire
équitablement, on bloque le pouvoir d’agir des citoyens, on les
laisse être dominés par la machine dans un illettrisme numérique»,
s’inquiète Sophie Pène, professeure à l’université Paris
Descartes et membre du Conseil national du numérique (CNNum)
Comprendre le monde
Un
enseignement qui se fera par le biais d'activités branchées ou
débranchées, afin de déconstruire l'outil algorithmique pour mieux
le comprendre. Car il ne suffit pas de savoir se servir d'une souris
ou d'un logiciel ( comme le préconise a minima le B2i ) pour
prétendre comprendre les systèmes en place d'aujourd'hui et de
demain.
Et
confronter les élèves au Code afin de les rendre acteurs de leurs
apprentissages.
Enseigner
la modélisation et les concepts de la systémique, c’est aussi
éclairer les élèves pour comprendre les grands systèmes complexes
(énergie, transports, communications…) qui sous-tendent le
fonctionnement de la société.
Les outils pour demain
"D'ici
20 ans, 80% des métiers auront un rapport direct avec l'intelligence
artificiel." Elliot Lepers
Il
est urgent que l'école donne les clefs aux adultes de demain d'une
société en construction sur les fondements algorithmiques. Ce ne
sont pas les tablettes aux applications "pédagogiques" qui
feront le travail, mais la compréhension des structures essentielles
que sont les algorithmes et leurs application dans le code.
Et
Affordance va plus loin
et analyse la situation d'Amazon, Google, Uber, Facebook "avez-vous pensé à souhaiter l'anniversaire de ... " et conclut que :
"on entretenait l'idée que des algorithmes travailleraient pour les humains alors que finalement des humains travaillent pour des algorithmes."
#EcoleNumérique
De plus, le Code en classe ouvre à des pratiques pédagogiques autour de projet. Mais aussi place le statut de l'essai/erreur sur une niveau constructif que révèle ici Seymour Papert dans "Jaillissment de l'esprit" :
"Beaucoup d'enfants sont bloqués dans l'acte d'apprendre, parce que pour eux, quand on apprend, c'est tout ou rien : on a compris ou on n'a pas compris. Mais quand on apprend à programmer un robot, on n'y arrive presque jamais du 1er coup. La programmation c'est l'apprentissage à trouver des erreurs, des "bugs" et à y remédier. La question à se poser, au sujet d'un programme, n'est pas de savoir s'il est juste ou faux, mais si l'on peut l'arranger" et de rajouter lors d'un travail avec les élèves d'une classe genevoise "les choses qui marchent toujours sont moins intéressantes !"
Nous
verrons que cet enseignement du Code autour de réalisations
contribue à mettre en place un travail transdisciplinaire fort autour de projets de
toutes natures. C'est aussi une façon de "faire pour comprendre" l'algorithmie.
C'est un catalyseur d'une pratique citoyenne d'élaboration et de collaboration qui est nécessaire à l'épanouissement de la personne dans la vie en société.
De l'importance des algorithmes dans votre vie.
"Notre
incapacité à décrire et comprendre l'infrastructure technologique
réduit notre portée critique, nous laissant à la fois impuissants
et vulnérables."
Julian
Oliver
C'est
un algorithme qui permet à GOOGLE de nous faire trouver ce que nous
cherchons, en proposant un ordre dans ce qu'il nous propose. Or
derrière son efficacité légendaire, l'algorithme de GOOGLE oriente
les réponses, et par delà ces résultats il donne sa vision du
monde. Voilà pourquoi cet algorithme nommé Page Rank est tenu
secret à la société civile mais aussi aux Etats.
De
la même façon, Facebook oriente et trie les informations qui nous
apparaissent dans notre Newsfeed grâce à l'algorithme nommé Edge
Rank, les conséquences ne sont pas anodines et Facebook influence
nos interactions et met en place un "classement de l'amitié".
FACEBOOK va même plus loin et nourri son immense base de données DEEPFACE un algorithme de reconnaissance faciale pour savoir où et avec qui nous sommes.
Ces algorithmes peuvent alors déduire des informations très privées sur nous, comme notre confession religieuse ou votre sexualité.
Le rédacteur en chef de RUE89 s’inquiète du filtre mis en place par ces algorithmes autour des réseaux sociaux et de Google qui nous enferme dans une bulle sociale.
En
2011, Eli Pariser publie son livre "The Filter Bubble: What
the Internet Is Hiding from You" et développe sa théorie
de la bulle de filtre et de l'enfermement algorithmique.
Concluons en citant les dernières lignes de l'excellent bouquin de Dominique Cardon : A quoi rêvent les algorithmes.
"Les algorithmes (...) procèdent d'un désir d'autonomie et de liberté. Mais ils contribuent aussi à assujettir l'internaute à cette route calculée, efficace, automatique, qui s'adapte à nos désirs en se réglant secrètement sur le trafic des autres. Avec la carte, nous avons perdu le paysage. Le chemin que nous suivons est le "meilleur" pour nous.Mais nous ne savons plus bien identifier ce qu'il représente par rapport aux autres trajets possibles, aux routes alternatives et peu empruntées, à la manière dont la carte compose un ensemble. Nous n'allons pas en revenir aux voyages de groupe et à leur guide omniscient. En revanche, nous devons nous méfier du guidage automatique. Nous pouvons le comprendre et soumettre ceux qui le conçoivent à une critique vigilante. Il faut demander aux algorithmes de nous montrer la route, et le paysage."
Encore quelques exemples
Pour aller plus loin dans cette "assistance sociale" l'application Romantimatic propose déjà d'envoyer des SMS romantiques à la personne de votre choix, pour faire comme si vous pensiez à elle, l'algorithme mis en place choisira pour vous les mots et la fréquence.
Ces
algorithmes très influents dans une certaine construction
personnelle du monde sont de la catégorie des Link Analysis. Ils
tracent et archivent nos identités à travers nos relations, nos
consommations, nos agissement.
Ils peuvent décider de l'accès à certains services car ils sont maintenant aidés, dans la collecte de données personnelles par les
"objets connectés" comme les smartphones ou les montres
qui tracent et archivent notre biologie. "Ce qui ne seront pas
connectés seront suspect et nous ne pourrons les assurer"
Stephen J. Hemsley Chief Executive Officer United Health
Mais
bien d'autres d'algorithmes agissent chaque jour en secret autour de
nous, dans nos voitures, smartphones, télévisions, comptes en
banque...
Michael
Keller a regardé la fonction de correction d’orthographe de
l’iPhone pour voir les mots qui n’étaient pas dans le
correcteur, ceux qu’Apple ne veut pas que vous employez, comme les
mots “avortement” ou “suicide”
Un
autre exemple de la maîtrise d'un algorithme sur notre pouvoir de
décider.
Et
la Politique est impactée, on sait que le simple classement, le
simple ordonnancement de résultats dans l'interface d'un moteur de
recherche est capable d'influencer le vote d'électeurs indécis. Des application comme WOW qui, à la manière de Tinder,
ont un algorithme qui vous propose des idées et vous donne le candidat dont vous êtes le
plus proche.
Mais
plus grave encore, l'application "drapeau français"
après le attentats du 13 novembre furent une soupape qui désamorça
la complexité du débat politique au sens de l'organisation du pays
et donc de la Démocratie.
Ce situations réelles nous font nous rendre compte à quel point les algorithmes qui agissent en secret peuvent orienter et décider à notre place dans notre vie citoyenne.
«Or
si on ne transmet pas la culture informatique nécessaire
équitablement, on bloque le pouvoir d’agir des citoyens, on les
laisse être dominés par la machine», s’inquiète Sophie
Pène, professeure à l’université Paris Descartes et membre du
Conseil national du numérique (CNNum)
Ce ne sont que des algorithmes, alors éduquons à les maîtriser !
Toujours
est il que ne sont que des algorithmes c'est à dire une série
d'instructions simples qui s'exécutent pour résoudre un problème
donné donc maîtrisables si on apprend à les connaître.
Le
premier algorithme construit avec une intention algorithmique est
apparu en 1600 avant JC. Les Babyloniens ont élaboré pour la
première fois un programme mathématiques avec une entrée et une
sortie juste qui calcule par une série d'étapes simples la racine
carré d'un nombre.
Mais
outre l'algorithme mathématiques très caractéristique, la notion
d'algorithme dans sa définition comme étant "une série
d'exécution simple avec une entrée et une sortie résolvant un
problème", s'étend à de nombreux domaines qu'ils soient
numériques ou mécaniques.
Nous
en réalisons chaque jour sans le savoir même lors d'activités
dites "débranchées". Par exemple, en suivant une recette
de cuisine nous réalisons un algorithme.
Qu'ils
soient numériques ou débranchés, il est nécessaire de comprendre
leurs fonctionnement pour se les approprier en codant et ainsi en être les
programmateurs et non les programmés.
L'Education Nationale à travers l'Ecole prend
conscience qu'elle ne peut former des citoyens capables de décision
sans une éducation aux algorithmes. Sa mission est de
réduire cette fracture numérique constatée qui accentue les
inégalités, ce que Mathieu Perrichet nomme "l'illettrisme
numérique"
D'après
le rapport de l'Académie des Sciences de mai 2013, intitulé "il est urgent de ne plus attendre" cet enseignement,
et nous le verrons dans des cas pratiques, peut et doit débuter dès
le plus jeune âge, : "sans cet enseignement, l'enfant ne
pourra différencier l'intelligence humain de l'intelligence
mécanique. Il personnifiera les systèmes numériques et sera dominé
par eux et non l'inverse"
Organisation d'un enseignement à l'algorithmie
Cet
acquisition de l'autonomie face aux machines passe par un parcours
numérique de la Maternelle au Collège.
Un
enseignement qui se fera par le biais d'activité branchées ou
débranchées, afin de déconstruire l'outil algorithmique pour mieux
le comprendre. Car il ne suffit pas de savoir se servir d'une souris
ou d'un logiciel ( comme le préconise le B2i ) pour prétendre
comprendre les système en place d'aujourd'hui et de demain.
Enseigner
la modélisation et les concepts de la systémique, c’est préparer
les élèves à comprendre les grands systèmes complexes (énergie,
transports, communications…) qui sous-tendent le fonctionnement de
la société.
Rajoutons
que l'Ecole doit préparer les adultes de demain à cet autonomie
aussi en anticipant les changements sociétaux.
"D'ici
20 ans, 80% des métiers auront un rapport direct avec l'intelligence
artificiel." Elliot Lepers
Et
Afordance va plus loin et analyse la situation Amazon, Google,
Uber... et conclut qu' "on entretenait l'idée que des
algorithmes travailleraient pour les humains alors que finalement des
humains travaillent pour des algorithmes."
Ce
parcours est modulable et aborde l'algorithmie par de nombreux angles
mais la progression reste cohérente par rapport au conception de
construction et déconstruction de l'outil informatique et du code.
Nous
suivrons en filigrane les préconisations de "Unplugged"
crée par Tim Bell, Ian H. Witten et Mike Fellows, adapté à
l'utilisation en classe par Robyn Adams et Jane MCKenzie et traduit
par l'équipe d'Interstices.
Puis
nous suivrons le parcours évolutifs proposé par l'équipe de
l'INRIA Flowers
Construction
de l'informatique ( binaire )
Représenter
l'information
Les
algorithmes ( recherche; tri; couvrant )
Représentation
des procédures
Notion
de paramètres ( constantes et variables ) et debuggage
L'algorithmie, un vecteur pédagogique
Il
y a beaucoup à apprendre de la mise au point incrémentale, du cycle
d’essais et de détection des erreurs.
Le
statut de l'erreur est décisif pour les élèves dans la réussite
des apprentissages.
Nous
citerons ici Seymour Papert dans "Jaillissment de l'esprit :
"Beaucoup d'enfants sont bloqués dans l'acte d'apprendre, parce
que pour eux, quand on apprend, c'est tout ou rien : on a compris ou
on n'a pas compris. Mais quand on apprend à programmer un robot, on
n'y arrive presque jamais du 1er coup. La programmation c'est
l'apprentissage à trouver des erreurs, des "bugs" et à y
remédier. La question à se poser, au sujet d'un programme, n'est
pas de savoir s'il est juste ou faux, mais si l'on peut l'arranger"
et de rajouter lors d'un travail avec les élèves d'une classe
genevoise "les choses qui marchent toujours sont moins
intéressantes !"
Nous
verrons que ce parcours contribue à un travail transdisciplinaire
autour de projets de toutes natures et souvent positionnée dans le long terme. C'est donc aussi un catalyseur
d'une pratique citoyenne d'élaboration et de collaboration dans la parcours de l'élève en milieu scolaire.
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